Ce week end, une de mes amies a reçu pour son anniversaire l'élégance du hérisson, un livre de Muriel Barbery (auteur que je ne connaissais pas, mais après recherche, il s'agit de son 2ème roman) ; le résumé m'a tout de suite attirée, ainsi que les commentaires de certaines de mes amies qui l'ont lu et l'ont catalogué comme "le meilleur livre qu'elles aient lu depuis pas mal de temps".
Résumé :
'Je m'appelle Renée,j'ai 54 ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette,j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.'
'Je m'appelle Paloma,j'ai douze ans,j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai.'
Mon avis
Paloma comme Renée sont fortement pareilles, malgré les quarante-deux ans qui les séparent : elles camouflent toutes deux ce qu'elles sont vraiment sous l'image de conformisme que la société attend d'elles. Toutes deux nous communiquent leurs pensées sous forme de journal intime (que l'auteur met en évidence à l'aide de deux polices différentes) et il est amusant et intéressant de voir ces deux personnages se sentant différents des autres tout faire pour maintenir dans leur apparence ce que la norme attend d'eux. Mais en leur for intérieur, des idées, des réflexions bouillonnent...
J'ai beaucoup aimé cette façon qu'a l'auteur de nous présenter les impressions des deux personnages au travers de leur journal.
L'archétype de la concierge ne peut être intelligente ni affamée de livre ; ses loisirs se résument à caresser son chat, avachie devant la télévision en s'abrutissant de programmes stupides destinés aux masses. Comme nous le dit Renée : Plus ardue fut la question de la télévision. Du temps de mon défunt mari, je m'y fis toutefois, parce que la constance qu'il mettait à la regarder m'en épargnait la corvée. Dans le vestibule de l'immeuble parvenaient des bruits de la chose et cela suffisait à pérenniser le jeu des hiérarchies sociales dont, Lucien trépassé, je dus me creuser la tête pour maintenir l'apparence... La hantise de Renée est que sa véritable nature soit révélée, la privant de sa tranquillité.
Une petite fille de douze ans ne peut non plus se montrer trop sagace, sous peine de rencontrer des problèmes avec une famille nageant dans sa suffisance ; se faire reprendre lors d'un dîner pour avoir corriger une ânerie d'un des convives au sujet des règles et de l'origine du jeu de go, cela ne se fait pas. Tout comme de remettre en place une prof incompétente en discutant de la définition de la grammaire... "Ça sert à bien parler et à bien écrire." Alors là, j'ai cru avoir une crise cardiaque. Je n'ai jamais rien entendu d'aussi inepte. Et par là je ne veux pas dire que c'est faux, je veux dire que c'est vraiment inepte. Dire à des adolescents qui savent déjà parler et écrire que la grammaire, ça sert à ça, c'est comme dire à quelqu'un qu'il faut qu'il lise une histoire des W.-C. à travers les siècles pour bien savoir faire pipi et caca. C'est dénué de sens!